mercredi 5 février 2014

PARUTION janvier 2013
















 
CORPS ET GRAPHIE
c'est aussi une vidéo, durée 14mn





dimanche 29 avril 2012

CORPS ET GRAPHIE

Un nu de Yannick Zofer offre tout d’abord au regard une surface, celle de la peau. Des peaux. Les visages sont absents, le cadre nous amène à regarder le fragment et, même, la texture. La chair se donne comme matière ; ici, pas de satin, mais du grain ; des plis ; du volume ; une photographie à pétrir.
« Un corps trop parfait ne raconte rien », nous dit Yannick. « J’ai besoin des écorchures, des défauts ». Ces corps-là ont connu des blessures, les effets du temps, les excès parfois. Ils nous invitent à y lire une histoire. Le photographe a renoncé cette fois aux modèles professionnels, interchangeables, et échappe ainsi à la standardisation des corps. Ici, chacun est singulier ; son histoire est unique et, en cela, elle nous parle et parle de nous. Ces plis, ces boutons, ces poils appartiennent à quelqu’un, à un individu, et par la magie du regard photographique, le particulier est universel. « Je veux trouver la beauté dans n’importe quel corps » : et c’est une beauté partout présente que signale l’objectif.
Et au-delà de l’histoire des corps, on lit encore « l’aventure humaine » de la séance de pose. « Je ne travaille qu’avec des gens qui n’ont jamais posé. Les modèles doivent effectuer un travail sur eux-mêmes et leur nudité, accepter leur image, celle de leur sexe, le contact, au sein du groupe ». Ainsi, ce que capture l’image, c’est le résultat d’une double transformation, extérieure — poses, postures, éclairage, cadrage — et intérieure — « du mal-être au lâcher-prise ». Et notre regard progresse depuis la surface jusqu’au cœur.
Rodolphe Arthaud